L'éducation est-elle une dénaturation ?

Commencez par vous demander pourquoi on vous pose la question afin de déterminer le problème du sujet. Eduquer est un lent processus qui consiste à faire passer l'être humain d'un état de nature à un état de culture. En ce sens, dans l'éducation, il y a bien un changement, demandez-vous en quoi ce changement pourrait être appelé dénaturation. Etre dénaturé signifie en effet perdre sa nature première ou s'en extraire (pensez ici par exemple aux analyses de Rousseau dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes : voyez notre rubrique "textes"). Mais on pourrait aussi s'interroger sur l'essence de l'homme et considérer qu'elle réside précisément dans le fait qu'il est un être de culture : il dispose du langage, il a la faculté de se perfectionner, c'est-à-dire de transmettre des connaissances ce en quoi consiste justement l'éducation. Demandez-vous alors si au lieu d'être une dénaturation, on ne peut dire que l'éducation amène en fait l'homme à réaliser sa nature profonde. Ainsi, d'un côté l'éducation paraît être une dénaturation dans le sens où elle conduit l'homme à quitter l'état de nature. Pensez ici, par exemple, aux animaux sauvages de Malson. Eduquer c'est amener l'homme à se servir de sa raison et à ne plus agir selon ses désirs immédiats. En d'autres termes, l'éducation apparaît comme ce qui fait quitter l'immédiateté du désir, comme ce qui apprend à différer son désir. L'homme doit apprendre à la différer parce qu'il vit avec les autres. On opposerait alors l'homme naturel à l'homme éduqué. Mais d'un autre côté, éduquer, n'est-ce pas permettre à l'homme de s'accomplir en tant qu'homme ? Ici vous pouvez vous reporter aux réflexions de Kant sur l'éducation. Il prend pour image le bâton tordu que l'on redresse pour figurer ce qu'est l'éducation. Dès lors, l'éducation ne fait peut-être pas, à proprement parler, changer de nature. Elle ne semble pouvoir être assimilée à une dénaturation