Place et symbole de la main dans Les Mains Libres

La main est un leitmotiv récurrent dans le recueil des Mains Libres, tant dans les poèmes d’Eluard que dans les dessins de Man Ray : elle apparaît dans une quarantaine de dessins, est mentionnée dans neuf poèmes. Le titre de l’œuvre bien sûr, mais aussi la préface laissent déjà entrevoir l’importance de ce thème. Eluard écrit ainsi : « Il y a autant de merveilles dans une main tendue que dans tout ce qui nous sépare de ce que nous aimons ». La main riche en « merveilles » est ainsi chargée de symboliques diverses et apparaît comme un principe de liaison, de cohésion entre les poèmes du recueil.
Intéressons nous donc aux poèmes et dessins dans lesquels la présence de la main est la plus explicite et symbolique.

-Main et désir :

Le dessin du Désir accorde lui aussi une place importante à la main. En haut à droite, une main masculine dont les contours bien nets traduisent la détermination tire les cheveux d’une femme. On peut donc lire ici une volonté de possession liée au désir, que l’on retrouve dans plusieurs autres poèmes du recueil.

« Elle est la chaleur brillante dans mes mains tendues » écrit Eluard dans le Don. Il s’agit pourtant d’un des rares poèmes où l’image de la main est absente. Cependant, le corps nu de la femme apparaît comme une offrande, que les mains « tendues » sont capables de recevoir. On retrouve donc ici l’image du désir amoureux et sexuel.

Dans Main et Fruits, Man Ray joue sur l’harmonie des formes : les doigts sculpturaux de la main imitent les courbes de la poire. La main caressante se confond donc avec les fruits. Ici encore, la main se veut l’allégorie du désir, du plaisir charnel.

Dans l’Evidence, deux mains se confondent presque avec les jets d’eau, branches, ailes ou fumées mentionnés dans le poème et suggérés dans le dessin par des courbes irrégulières et entremêlées. La main du coin supérieur gauche semble être celle d’un homme ; seuls trois doigts sont visibles, tandis