Étude de l'accent néerlandais en français
Etant actuellement assistant de français dans un collège-lycée aux Pays-Bas, je me propose de faire une description de l’accent en français de mes élèves néerlandais. Sans m’attarder sur les erreurs syntaxiques ou de prononciation relevant strictement du manque de maîtrise de la langue et lié au niveau d’apprentissage de mes élèves, je tenterai dans un premier temps de décrire les particularités phonologiques du parlé de mes élèves, avant de m’intéresser aux traits prosodiques remarquables dans le français des néerlandais. A chaque fois, j’essaierai d’apporter une explication au phénomène décrit en relation avec les caractéristiques du néerlandais, langue maternelle de mes apprenants.
I. Traits phonologiques remarquables
Parmi les particularités phonologiques observables en français chez les apprenants néerlandais, il y a celle, assez fréquente, de la prononciation de lettres présentes à l’écrit mais censées rester muettes à l’oral. Parmi celles-ci, le fameux « e muet » et certaines consonnes finales sont le plus souvent prononcées. Si cette « erreur de prononciation » peut être due en partie à un niveau de maîtrise trop faible de la langue (j’ai observé que cette habitude était beaucoup plus rare chez des francophones adultes), elle peut cependant aussi s’expliquer par le fait que le néerlandais présente une correspondance systématique entre une graphie et un son. Ainsi, contrairement au français, et comme dans beaucoup de langues, en néerlandais, toutes les lettres écrites se prononcent à l’oral, et les apprenants, très confrontés à l’écrit dans leur apprentissage, appliquent presque systématiquement cette règle au français.
Par ailleurs, ceci engendre un autre phénomène souvent observé dans les mêmes conditions : celui de la diphtongaison de certains regroupements de voyelles en français comme ai, ei, ui, ou. Ces regroupements représentent des diphtongues très