Évolution classe et conflit du travail
Le rejet de la notion de classe au profit de celle de strate, ainsi que la thèse de la moyennisation des sociétés remettent en cause l’approche en termes de conflit entre deux classes aux intérêts diamétralement opposés. Ainsi, la théorie de la lutte des classes est aujourd’hui largement considérée comme périmée. Si beaucoup reconnaissent toutefois que le mouvement ouvrier a été au cœur des luttes et à l’origine des transformations sociales jusqu’aux années 1960, certains insistent sur la « crise d’identité » qui frappe la classe ouvrière depuis une trentaine d’années. Cette crise serait d’abord liée à l’émergence d’une société de plus en plus tertiarisée. De même, l’institutionnalisation des conflits du travail expliquerait le recul des grands mouvements de luttes ouvrières et la relative « pacification » des relations professionnelles. R. Aron, insiste quant à lui sur l’impossible passage à la conscience révolutionnaire d’un prolétariat de plus en plus « englué dans la culture de masse, diffusée par la radio et la télévision ». Derrière, cette affirmation, R. Aron laisse entendre que le prolétariat aujourd’hui ne saisit pas sa spécificité par rapport aux autres classes et par là même n’a pas conscience d’avoir des intérêts particuliers à défendre dans la mesure où il « participe » comme les autres à la société ; ce qui neutralise toute action collective ! En fait, les combats de classes du passé auraient laissé la place à une multitude de revendications catégorielles (= propres à certaines catégories d’individus) plutôt adressée à l’Etat en tant qu’instance de régulation économique et sociale qu’aux propriétaires du capital. Ce qui est encore plus significatif des sociétés contemporaines serait l’apparition de nouveaux mouvements sociaux situés en dehors du monde du travail, animés par des acteurs qui ont des revendications : mouvements estudiantins, féministes écologistes, pacifistes, antiracistes, régionalistes,