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II existe dans les sciences sociales deux grandes options théoriques : l'individualisme méthodologique d'une part, et le holisme d'autre part. La première de ces options prescrit d'expliquer les phénomènes sociaux par les actions individuelles dont ils sont composés. La seconde considère au contraire que les phénomènes sociaux forment des touts qui ne sont pas réductibles à des actes individuels (ce sont les phénomènes sociaux qui expliquent les actes individuels, et non l'inverse). Le terme « holisme » a été forgé à partir du mot grec holos qui signifie « entier ». Chacune de ces deux grandes options méthodologiques peut se réclamer de l'une des deux traditions majeures de la sociologie, la tradition allemande et la tradition française. La tradition allemande, principalement représentée par Max Weber et Georg Simmel, a opté pour l'individualisme méthodologique. La tradition française, principalement représentée par Auguste Comte et Emile Durkheim, a opté pour le holisme méthodologique. Les théories de l'interaction sociale emploient l'individualisme méthodologique et sont issues de la tradition allemande ; le structuralisme et le fonctionnalisme sont fondés sur un holisme méthodologique et sont issus de la tradition française (le culturalisme relève lui aussi du holisme méthodologique). L’option méthodologique que nous allons principalement exposer ici est l'option individualiste, car elle nous paraît la plus intéressante et la plus féconde. Nous préciserons bien sûr quelles sont les objections que l'on peut opposer à une méthodologie holiste.
L'individualisme méthodologique
Max Weber offre une définition claire et concise de l'individualisme méthodologique dans le passage suivant : "La sociologie, elle aussi, ne peut procéder que des actions d'un, de quelques ou de nombreux individus séparés. C'est pourquoi elle se doit d'adopter des méthodes strictement individualistes » (extrait d'une lettre à l'économiste