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- L’art lié à la souffrance : « écoutez les sanglots que la douleur arrache à ma fille : ils sont plus près de la musique que vos gammes. » XIII ou « c’est mon coeur vivant que je déchire » XIV. Cf aussi la métaphore de la voix pour le son (I, fin) : « Voix, cri, soupir, souffle, râle. « tous ces mots évoquent la souffrance. Et l’expression qui désigne la musique de SC au chapitre XXI : « des plaintes arpégées ». L’art lié à la souffrance = idée romantique, certes, mais aussi idée qu’on peut rapprocher de la spiritualité janséniste : toute foi véritable s’enracine dans le renoncement au monde et la perte de soi. On ne peut s’élever que par la douleur de la perte.
- Symbole de la mue tragique qui oriente le jeune homme vers la recherche en lui de l’humain archaïque.
- Symbole de la rencontre des morts : c’est le deuil, la perte profonde qui fait que SC se tourne vers une sorte de prière, de méditation, qui le font évoluer de la virtuosité vers le chant élégiaque. « j’appartiens à des tombes ».
La musique permet d’exprimer l’indicible
- Elle est aussi une « langue humaine » dans le chapitre XII, rapprochée de la poésie de Racine qui exprime « les cris et le silence », ainsi que « la voix perdue ». Elle est la vraie « langue » de SC qui dit à sa femme : « la cabane où je parle » (XV). L’idée est énoncée dans la scène finale : « la musique est
simplement là pour parler de ce dont la parole ne peut parler ; en ce sens elle n’est pas tout à fait humaine »
- L’idée est ensuite reprise d’une façon plus énigmatique et poétique : « petit abreuvoir » (rejoint l’animalité des hommes) qui les réconcile avec leur nature archaïque et sauvage : celle des coups de marteau, du jadis d’avant le langage. « quand on était sans souffle, quand on était sans lumière ». De ce point de vue, le film fait un vrai contresens sur le texte quand il transforme la phrase « pour les coups de marteaux des cordonniers