Analyse du poème "la lessive" de jacques prévert
1. Le poème
Oh la terrible et surprenante odeur de viande qui meurt
C’est l’été et pourtant les feuilles des arbres du jardin
Tombent et crèvent comme si c’était l’automne
Cette odeur vient du pavillon
Où demeure monsieur Edmond
Chef de famille
Chef de bureau
C’est le jour de la lessive
Et c’est l’odeur de la famille
Et le chef de famille
Chef de bureau
Dans son pavillon de chef-lieu de canton
Va et vient autour du baquet familial
Et répète sa formule favorite
Il faut laver le linge sale en famille
Et toute la famille glousse d’horreur
De honte
Frémit et brosse et frotte et brosse
Le chat voudrait bien s’en aller
Tout cela lui lève le cœur
Le cœur du petit chat de la maison
Mais la porte est cadenassée
Alors le pauvre petit chat dégueule
Le pauvre petit morceau de cœur
Que la veille il avait mangé
De vieux portefeuilles flottent dans l’eau du baquet
Et puis des scapulaires … Des suspensoirs …
Des bonnets de nuits … Des bonnets de police
Des polices d’assurance … Des livres de comptes
Des lettres d’amour où il est question d’argent
Des lettres anonymes où il est question d’amour
Une rosette de la légion d’honneur
De vieux morceaux de coton à l’oreille
Des rubans
Une soutane
Un caleçon de vaudeville
Une robe de mariée
Une feuille de vigne
Une blouse d’infirmière
Un corset d’officier de hussards Des langes
Une culotte de plâtre
Une culotte de peau
Soudain de longs sanglots
Et le petit chat met ses pattes sur ses oreilles
Pour ne pas entendre ce bruit
Parce qu’il aime la fille
Et que c’est elle qui crie
C’est a elle q’on en voulait
C’est la jeune fille de la maison
Elle est nue … Elle crie … Elle pleure
Et d’un coup de brosse à chiendent sur la tête
Le père la rappelle à la raison
Elle a une tache
La jeune fille de la maison
Et toute la famille plonge
Et replonge
Elle saigne
Elle hurle
Mais elle ne veut pas dire le nom …
Et le père hurle aussi
Que tout ceci ne