analyse poème ronsard
En 1578, alors qu’il sent la vieillesse approcher, Pierre de Ronsard, « prince des poètes » au
XVI° siècle, écrit les Sonnets pour Hélène. Ce recueil poétique célèbre son amour pour une jeune femme, Hélène de Surgères. Dans le 24° sonnet de la 2° partie, il lui présente d’abord un tableau saisissant de la vieillesse et de la mort, avant de lui proposer un véritable Carpe Diem.
Un tableau saisissant de la vieillesse
Les douze premiers vers constituent un récit d’anticipation en trois temps : Ronsard exprime d’abord dans le premier quatrain les regrets d’Hélène au soir de sa vie ; le deuxième quatrain chante la gloire posthume de Ronsard tandis que le premier tercet met en parallèle la mort de Ronsard et la déchéance physique d’Hélène. Les trois quarts du texte dressent donc un tableau désespéré de vieillesse, de désolation et de mort. Les assonances en [an] suggèrent la tristesse et la gravité, comme la métaphore de la fin de vie vers 1 : le lecteur comprend qu’Hélène est au soir de sa vie et que sa flamme vitale est sur le point de s’éteindre. D’ailleurs les repères spatiaux qui décrivent ses attitudes dessinent une descente symbolique vers le sol primitif : son corps retourne graduellement à la poussière.
L’énonciation du poème met aussi en évidence une dissociation du JE (présent essentiellement dans les tercets) et du VOUS (essentiellement dans les quatrains). Ce système pronominal représentant l’auteur d’une part, nommé à deux reprises vers 4 et 7, et Hélène d’autre part illustre le fait qu’ils ne peuvent physiquement être ensemble. Ils ont des rôles figés : Hélène est une femme âgée, Ronsard est déjà mort, mais son nom est célèbre grâce à son talent poétique. Deux vers symbolisent cette mise à distance : les repères spatiaux des vers 9 « sous la terre » et 14 « au foyer » s’opposent dans un parallélisme renforcé par la symétrie des pronoms placés à l’initiale des vers. Seuls les