Analyse d'une séquence de shining
Stanley Kubrick s'est intéressé à un genre que l'on ne s'attendait pas à lui voir explorer -le film fantastique- avec la même réussite que pour le reste de son oeuvre. Pour réaliser ce film magistral, il adapte à sa façon un roman de Stephen King - qui n'en sera d'ailleurs pas satisfait - et construit un film très personnel et profondément fascinant tant par les mouvements de caméra que par la mise en place d'un fantastique original, notamment à travers le décor inquiétant d'un hôtel hors du commun, essentiel dans la création d'un climat de peur, et d'un dénouement inouï. En effet, cet hôtel, accordé aux zones montagneuses désolées, ajoute son propre espace intérieur, démesuré, qui accentue encore le sentiment de solitude. Ainsi, paradoxalement, cet immense décor vide - fait de salles trop nombreuses, de pièces trop vastes, de couloirs trop longs, de plafonds trop hauts - est susceptible de se peupler des visions du fils, puis de celles du père, sans que l'on sache vraiment, dans un premier temps, si elles relèvent de l'imaginaire ou si elles sont bien réelles. Tout l'art de Kubrick consiste donc à susciter l'horreur à partir du vide même de ces espaces inhabités. On songe aux plans récurrents montrant Jack Torrance à sa table de travail perdu dans l'immensité de la salle, ou encore à Danny parcourant inlassablement ces interminables couloirs au point de faire naître le malaise d'une menace diffuse chez le spectateur. On rend également hommage à l'hallucinante séquence nocturne du labyrinthe sous la neige conçue comme la parfaite représentation visuelle de la folie d'un cerveau possédé par l'obsession meurtrière.
Situation de la séquence
Il s'agit en fait du générique (environ 2mn40) qui montre le trajet en auto de Jack Torrance et son arrivée à l'Hôtel situé en haute montagne. L'écrivain se présente, en effet, à la Direction de l'établissement dont il doit, en compagnie de sa femme et de son fils, assurer la gérance pendant la période