Annie ernaux les années

713 mots 3 pages
Aux débats incessants sur les vertus et les impasses de l'autofiction, Annie Ernaux n'a jamais mêlé sa voix. Un silence qui n'est pas de mépris, mais une façon simple de signifier que ce n'est pas en ces termes que, pour l'écrivain qu'elle est, les choses se jouent. Et ce d'autant moins depuis que le genre autofictionnel en est venu à servir d'alibi trop commode aux épanchements narcissiques les moins nécessaires, les plus complaisants. Là n'est vraiment pas la posture d'Annie Ernaux - sa rigueur, son ascétisme n'ont rien à faire de ces déballages intimistes.

Depuis toujours, certes, pour Annie Ernaux, la vie et l'écriture se rejoignent et s'enlacent, mais si elle n'a cessé de puiser dans sa biographie la matière de ses livres, c'est dans une perspective radicalement autre, voire opposée. Ecrire, pour Annie Ernaux, depuis le début - et depuis surtout La Place (1984), son premier livre revendiqué comme rigoureusement non romanesque, centré sur la figure de son père -, c'est pratiquer la « transformation de ce qui appartient au vécu, au moi, en quelque chose existant tout à fait en dehors de ma personne [...], quelque chose de compréhensible, au sens le plus fort de la préhension par les autres », expliquait-elle dans L'Ecriture comme un couteau (1). Envisageant dès lors ses livres comme « des "explorations" où il s'agit moins de dire le "moi" ou de le "retrouver" que de le perdre dans une réalité plus vaste, une culture, une condition, une douleur... ».

Considéré à l'aune de cette réflexion - de l'écriture envisagée comme un don, une mise à disposition et un dépassement de soi, une volontaire et radicale « dissolution dans la tête et la vie des autres » -, Les Années s'offre à lire comme un aboutissement stupéfiant. Ce grand et beau livre, éblouissant de maîtrise, écrit à l'imparfait et où le « je » a cédé place à la troisième personne du singulier, Annie Ernaux le portait depuis longtemps, confie-t-elle dans les ultimes pages, où elle le définit comme l'«

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