anthologie racine
Après la guerre de Troie, guerre qui a réduit à néant sa ville et son peuple, Andromaque se retrouve aux mains de Pyrrhus, fils d’Achille, qui se meurt d’amour pour elle. Pyrrhus veut faire d’Andromaque sa femme mais celle-ci ne peut se résoudre à oublier ce que le père de Pyrrhus a fait endurer a commis durant la guerre et voit ce mariage comme une trahison envers son feu mari, Hector. Pyrrhus la menace alors de livrer le fils d’Andromaque aux Grecs si elle continue de refuser ce mariage. Andromaque tiraillée entre son passé et la vie de son fils finit par accepter le mariage, mais elle confie à sa confidente que dés lors la vie de son fils assurée elle mettra fin à ses jours et ira rejoindre Hector dans la mort. ..
Acte III
Scène 8
ANDROMAQUE, CEPHISE
CEPHISE
Je vous l'avais prédit, qu'en dépit de la Grèce,
De votre sort encor vous seriez la maîtresse.
ANDROMAQUE
Hélas ! De quel effet tes discours sont suivis !
Il ne me restait plus qu'à condamner mon fils.
CEPHISE
Madame, à votre époux c'est être assez fidèle :
Trop de vertu pourrait vous rendre criminelle.
Lui-même il porterait votre âme à la douceur.
ANDROMAQUE
Quoi ! Je lui donnerais Pyrrhus pour successeur ?
CEPHISE
Ainsi le veut son fils, que les Grecs vous ravissent.
Pensez-vous qu'après tout ses mânes en rougissent ?
Qu'il méprisât, Madame, un roi victorieux
Qui vous fait remonter au rang de vos aïeux,
Qui foule aux pieds pour vous vos vainqueurs en colère,
Qui ne se souvient plus qu'Achille était son père,
Qui dément ses exploits et les rends superflus ?
ANDROMAQUE
Dois-je les oublier, s'il ne s'en souvient plus ?
Dois-je oublier Hector privé de funérailles,
Et traîné sans honneur autour de nos murailles ?
Dois-je oublier son père à mes pieds renversé,
Ensanglantant l'autel qu'il tenait embrassé ?
Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle
Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle.
Figure-toi Pyrrhus, les