Anthologie sur la nature
Que c'est la forêtQui rêve...Chante doucement ; Dans mon cœur d'amantJ'adore Entendre ta voix Au calme du bois Sonore.L'oiseau, d'un élan, Courbe, en s'envolant, La brancheSous l'ombrage obscurLa source au flot pur S'épanche.Viens t'asseoir au bordOù les boutons d'orFoisonnent... Le vent sur les eaux Heurte les roseauxQui sonnent.Et demeure ainsiToute au doux souci De plaire, Une rose aux dents, Et ton pied nu dansL'eau claire.
Victor HUGO (1802-1885)
La nature est pleine d'amourLa nature est pleine d'amour, Jeanne, autour de nos humbles joies ; Et les fleurs semblent tour à tour Se dresser pour que tu les voies.Vive Angélique ! à bas Orgon ! L'hiver, qu'insultent nos huées, Recule, et son profil bougon Va s'effaçant dans les nuées.La sérénité de nos coeurs, Où chantent les bonheurs sans nombre, Complète, en ces doux mois vainqueurs, L'évanouissement de l'ombre.Juin couvre de fleurs les sommets, Et dit partout les mêmes choses ; Mais est-ce qu'on se plaint jamais De la prolixité des roses ?
L'hirondelle, sur ton front pur, Vient si près de tes yeux fidèles Qu'on pourrait compter dans l'azur Toutes les plumes de ses ailes.Ta grâce est un rayon charmant ; Ta jeunesse, enfantine encore, Éclaire le bleu firmament, Et renvoie au ciel de l'aurore.De sa ressemblance avec toi Le lys pur sourit dans sa gloire ; Ton âme est une urne de foi Où la colombe voudrait boire.
Maurice ROLLINAT (1846-1903)
Magie de la natureBéant, je regardais du seuil d'une chaumière De grands sites muets, mobiles et changeants, Qui, sous de frais glacis d'ambre, d'or et d'argent, Vivaient un infini d'espace et de lumière.C'étaient des fleuves blancs, des montagnes mystiques. Des rocs pâmés de gloire