Anthologie
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Parallèlement à la composition de ces poèmes, Guillaume Apollinaire combattait en faveur des initiatives les plus neuves de la peinture. Il fut un des théoriciens du Cubisme, dans son livre les Peintres cubistes, qui apparaît en quelque sorte comme l'évangile de cette nouvelle esthétique qu'il défendait, en même temps qu'il défendait aussi le Futurisme. Des mouvements littéraires comme Dada, comme le Surréalisme, prennent en grande partie leur source, eux aussi, chez Apollinaire.
Tout en constituant le document le plus complet sur l'activité poétique de toute une époque, Alcools compte aussi parmi les œuvres parfaites dont se glorifie la littérature française. Nul ne conteste plus aujourd'hui le génie d'un poète, qui, outre qu'il a donné sa vie pour la France pendant la guerre de 1914-1918, a apporté à son pays d'adoption un accent très neuf et traditionnel tout à la fois.
ALCOOLS
Le Titre
Initialement « Eau de vie », devenu « Alcools », il est "simple et mystérieux". Il évoque à la fois le romantisme et Baudelaire, en sonnant comme un éloge de l'ivresse (physique et poétique), mais s'inscrit dans la modernité par l'usage du nom le plus banal, le plus général aussi.
Le pluriel invite à comprendre qu'ils seront de plusieurs sortes, des plus physiques ("Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie") aux plus spirituels ("Ta vie que tu bois comme une eau de vie"), ainsi que l'annoncent ces deux vers du poème liminaire, "Zone" • références littérales à l’alcool et à l’ivresse ("Zone", "Vendémiaire") • évocation des tavernes, brasseries, auberges, caveaux (Paris, Munich, Cologne… • évocation des vignes rhénanes • images poétiques : « Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire », « Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme » les soirs de Paris « ivre du gin flambant de l’électricité » (que l’on opposera