Dans la ville de Thèbes, après la mort d’Oedipe, ses deux fils, Polynice et Étéocle, décidèrent de régner chacun un an. Mais Étéocle, au terme de la première année, refusa de quitter le trône. Après une guerre terrible où ils se sont entretués, Créon, leur oncle, prit le pouvoir, ordonna des funérailles somptueuses pour Étéocle, mort en défendant sa patrie, tandis qu’à l’égard du traître Polynice, à titre d’exemple, il promulgua que «Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort» et décréta que son corps, laissé sans sépulture, devait pourrir sur le sol, ce qui, pour les Grecs, était la sanction la plus terrible. La « petite Antigone », leur soeur, rompt avec son fiancé, Hémon, le fils de Créon, sans lui dire pourquoi et, malgré les conseils de sa soeur, Ismène, passant outre cet ordre, rend au défunt les honneurs funèbres en le recouvrant, avec sa pelle d’enfant, d’un peu de terre. Elle est arrêtée par trois gardes qui la mènent à Créon. Celui-ci préfèrerait ne pas punir sa nièce et la fiancée de son fils. Comme personne d’autre ne l’a vue, il lui suffirait de faire disparaître les gardes. Mais Antigone s’obstine : si Créon la libère, son premier soin sera de retourner enterrer son frère. Créon tente alors de lui expliquer que son refus de sépulture à Polynice est avant tout un acte politique et qu’en choisissant de prendre en main l’État ébranlé par le règne d’Oedipe, il a choisi de « dire oui », c’est-à-dire d’assumer les mille besognes de « la cuisine » politique pour « rendre le monde un peu moins absurde ». Il lui prouve par dix arguments la sottise de son acte, lui révélant que Polynice n’était qu’« un fils de famille », « un petit fêtard imbécile», une ignoble crapule qui avait même frappé son père, Oedipe, et voulait le faire assassiner, et qu’Étéocle ne valait guère mieux : « Ils se sont égorgés comme deux petits voyous pour un règlement de comptes. » Il n'accorda les honneurs nationaux à la dépouille d'Étéocle que pour