Apprécier le théâtre contemporain, texte et mise en scène
Côté texte, rien ne va de soi : au flamboiement du littéraire, on peut opposer le rejet du littéraire ; au kaléidoscope des formes, au brassage des parlers, à la prolifération des discours, un amenuisement de la parole, dont l’aboutissement extrême est la substitution du mime au langage articulé.
Côté représentation, le moins étrange n’est pas la recherche systématique de lieux de représentation insolites, hangars ou usines désaffectées, à laquelle le spectateur a eu le temps de s’accoutumer depuis les années 70 ; c’est plutôt que tout semble possible aujourd’hui sur une scène de théâtre, depuis l’absence de décors et d’accessoires, le refus de toute concession au goût du public, jusqu’aux mises en scène somptueuses, baroques, cosmiques, totalisantes, fondées sur l’union des arts.
64 Mireille Habert
Le théâtre contemporain n’est-il plus accessible qu’à des initiés ?
Nous nous proposons d’éclairer quelques éléments de l’histoire du genre, de façon à tenter de comprendre pourquoi la situation du théâtre contemporain ne fait qu’exhiber les multiples possibilités d’un genre dont la nature originale est justement d’autoriser, et même d’encourager, pour la plus grande jubilation du spectateur, la variation des codes qui régissent les rapports entre auteurs et interprètes, texte et représentation, public et spectacle, ou, en un mot, le réel et son reflet.
La conception traditionnelle du théâtre occidental, la mimesis
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, le théâtre occidental a été un théâtre de discours et d’intrigue, héritier d’une conception du réel et de l’art inspirée des Anciens, plus précisément d’Aristote.
Depuis la