Art po tique 2 Le Parnasse
La seconde moitié du XIX°s, époque à laquelle prend véritablement naissance la poésie moderne, connaît deux courants principaux : le Parnasse et le Symbolisme
Le Parnasse :
Le Parnasse doit son nom à une revue poétique Le Parnasse contemporain : ce titre se réfère à l’Antiquité grecque et son idéal esthétique de pureté et de clarté. Le Parnasse était, dans la mythologie, la montagne sacrée où séjournaient les 9 muses (incarnations de l’inspiration), déesses protectrices des arts. Théophile Gautier affirme la théorie du culte de l’Art pour l’Art, c’est-à-dire que le poète doit viser la beauté, la perfection formelle de son texte et ne doit en aucun cas se préoccuper des problèmes politiques et sociaux de son époque (refus de l’engagement) ; il ne doit pas non plus se livrer aux sentiments (refus du lyrisme personnel, en réaction contre le romantisme)
Dans l’édition de 1858, Théophile Gautier clôt son recueil Emaux et Camées par « L’Art » ; il présente le credo parnassien; témoigne d’une conception poétique ayant pour idéal la beauté formelle.
L'art
Oui, l'oeuvre sort plus belle
D'une forme au travail
Rebelle,
Vers, marbre, onyx, émail.
Point de contraintes fausses !
Mais que pour marcher droit
Tu chausses,
Muse, un cothurne étroit.
Fi du rythme commode,
Comme un soulier trop grand,
Du mode
Que tout pied quitte et prend !
Statuaire, repousse
L'argile que pétrit
Le pouce
Quand flotte ailleurs l'esprit:
Lutte avec le carrare,
Avec le paros dur
Et rare,
Gardiens du contour pur ;
Emprunte à Syracuse
Son bronze où fermement
S'accuse
Le trait fier et charmant ;
D'une main délicate
Poursuis dans un filon
D'agate
Le profil d'Apollon.
Peintre, fuis l'aquarelle,
Et fixe la couleur
Trop frêle
Au four de l'émailleur.
Fais les sirènes bleues,
Tordant de cent façons
Leurs queues,
Les monstres des blasons ;
Dans son nimbe trilobe
La Vierge et son Jésus,
Le globe
Avec la croix dessus.
Tout passe. - L'art robuste
Seul a l'éternité.