aurélien
Le sujet du livre est précisément l’impossibilité de l’amour du couple. Bérénice et Aurélien sont, lors de leur rencontre, deux êtres tournés vers eux-mêmes. Aurélien est déjà brisé par la Grande Guerre qui le laisse à trente ans sans ambition et sans identité dans un univers parisien où il se sait inutile, rongé par une imagination morbide. Bérénice est cette jeune provinciale qui a fait un mariage sans amour et revit sans cesse une enfance malheureuse « dans la grande maison ». Bérénice est idéaliste et moderne. Si tous deux échouent à s'aimer réellement, Aurélien est dramatiquement voué à savourer la double défaite de sa vie, celle de sa capacité et celle de la France de 1940 qui apparaît en pleine débâcle pendant l'épilogue :
« Il savait de certitude Bérénice à jamais perdue… Que se passait-il dans cette femme muette ? Il se dit que leur histoire, cet échec si complet de l’amour, ce démenti de la vie à l’amour, et aussi cette illusion de l’amour, incompréhensible, renaissant de 18 années d’oubli progressif. Progressif, mais d’oubli. Il se disait ...Il se disait : toute la vie… toute sa vie… absurdement attendri sur lui-même… »
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Bérénice elle, a dépassé l'illusion d'un amour perdu, mieux elle a réussi à construire son identité sexuelle aussi bien que politique.
Pour Aragon, Aurélien a été un livre de prédilection. Il a écrit ce livre sur l’impossibilité du couple à une époque où Elsa voulait le quitter ; il exprime aussi ce drame passager dans le célèbre poème chanté par Georges Brassens Il n’y a pas d’amour heureux.
Au-delà de la problématique amoureuse, ce livre est important pour Aragon car il renoue en l'écrivant avec une jeunesse qu'il avait reniée depuis 1934.
Écrire Aurélien, c'est l'occasion d'évoquer sans haine, son passé surréaliste et le Paris mondain qu'il a fréquenté. Le personnage de Paul Denis, jeune poète issu d'une famille modeste qui séduit les femmes mondaines et tombe amoureux de Bérénice n'est pas sans rappeler