Né à la veille du XIXème siècle, auteur de pas moins de 91 pièces achevées et regroupées sous l’intitulé « La Comédie Humaine », Honoré de Balzac est considéré comme le chef de file du réalisme, bien qu’il soit aussi père de romans poétiques, philosophiques et parfois fantastiques ainsi que de nouvelles, essais et critiques. Dans l’un de ses ouvrages majeurs, « Le Père Goriot », est contée l’histoire de Jean-Joachim Goriot, vermicellier bourgeois qui va dilapider ses fonds pour offrir le confort de la noblesse à ses filles, Delphine et Anastasie. L’extrait proposé relève de l’incipit de ce roman. Peu avant icelui, on y pouvait découvrir la situation géographique de la pension Vauquer ; il s’agit là d’une visite guidée, extrêmement détaillée, du rez-de-chaussée. Cette description porte en elle un réalisme inouï, provoquant une forte aversion par la stimulation de nos sens. Par là nous pouvons découvrir quelques traits des résidents du lieu, et nous faire une première image de Mme Vauquer.

L’on comprend par cette description que de Balzac puisse être réduit à son seul attribut d’auteur « réaliste ». En effet, cet extrait est purement descriptif et l’on ne relève pas moins de quatre-vingt éléments de détails et précisions sur les éléments du décor. Citions quelque complément du nom tel que « l’odeur de pension », la subordonnée relative à la salle à manger « qui lui est contiguë » ou encore, parmi la cinquantaine d’adjectifs qualificatifs, l’énumération finale « vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant ».
Justement, comme l’indique la précédente énumération, cette description est particulièrement péjorative. « Malgré ces plates horreurs, » « vous trouveriez ce salon élégant et parfumé ». Notons aussi ces « carafes échancrées, ternies » et ces meubles « placés là comme le sont les débris de la civilisation aux Incurables ».
De plus, cet extrait provoque divers stimulus sensoriels. Ils sont visuels, bien sûr. Mais ils sont aussi