Barbie
BARBIE est née le 9 mars 1959, à Los Angeles, et rien ni personne ne peut déloger la star de son piédestal. La belle poupée est un stratège de talent. Elle change de peau au gré des modes et des courants. A sa naissance, elle était mannequin ; en 1963, femme d’affaires ; en 1973, chirurgien ; en 1984, prof d’aérobic et, aujourd’hui, astronaute. Sa tenue reflète à la perfection les aspirations dominantes du moment.
Comment flaire-t-elle le changement ? En testant son succès sur quelques enfants de huit ans. Dans son département marketing-recherche, un docteur en psychologie, un designer, un ingénieur et quelques commerciaux étudient les réactions des petites filles devant la star fraîchement liftée. C’est ainsi que Barbie a arrondi ses yeux, creusé ses joues et dompté quelque peu ses formes pulpeuses. Deux à 3 millions de dollars sont consacrés chaque année à ce type d’expérience, mais la femme de cellulose est assez riche pour se permettre une telle dépense.
En France, la pin-up se vend à 3 millions d’exemplaires par an. Mattel, son manager, prévoit 1,5 million de plus pour 1993. La poupée brandit ses chiffres comme une revanche. Un pied de nez aux mères françaises des années soixante-dix qui l’avaient interdite des chambres d’enfants pendant dix ans. Taxée de femme-objet plus préoccupée par sa nouvelle tenue que par la marche du monde, elle fut abandonnée par son ambassadeur dans l’Hexagone, la Compagnie générale du jouet. Quelques années plus tard, Mattel la prend en charge.
Aujourd’hui, Barbie mène ses fans par le bout du nez. Elle s’achète un ranch, une voiture, des robes… ses admiratrices aussi. Elle prend mari (Ken, son sosie masculin), ses inconditionnelles font de même. Le porte-monnaie des parents n’en finit plus de s’ouvrir pour assouvir les caprices de la diva. Un chiffre encore : les 250 millions de tenues qui composent sa garde-robe.
Barbie est, comme le disait un poète, « ni tout à fait une autre, ni tout à fait la même »