Bateau ivre
Le départ du navire (Q 1 et 2)
L'obscurité du poème, s'éclaire si l'on mène de front deux lectures, le récit d'un voyage maritime, d'une odyssée, que raconte, le bateau lui-même, et celui d'une expérience, d'une quête poétique. Le "je" désignant tant le bateau que Rimbaud. Le voyage est une longue métaphore, en 25 quatrains d'alexandrins à rimes croisées, de l'entreprise rimbaldienne. "Bateau ivre" est à la fois l'odyssée d'un bateau et d'un poète adolescent à la dérive ! on y trouve des superpositions, des surimpressions, entre une dramatique "maritime" et les exploits, les épreuves, les échecs de l'adolescent entré en poésie ! Toutes les expériences du bateau ivre sont celles de Rimbaud. Par un jeu constant de métaphores entre poète et bateau, on assite à la première séparation, pour le navire l'éloignement des "haleurs" qui représentent les liens, les guides et pour le poète les traditions, les entraves, les conventions. Les "Fleuves impassibles" représentent cette société immobile, étrangère à ses élans poétiques. La violence de la séparation rendue par l'image du massacre des haleurs est ici renforcée par les "i" rouges que le sonnet des "Voyelles" associait à de brutales ivresses. Les alexandrins amples, sans pauses fortes rendent compte de l'impatience du poète pour sa nouvelle aventure loin de la société commerciale, source de toutes les aliénations de l'individu. "Les fleuves m'ont laissé descendre où je voulais" traduit sa rébellion d'adolescent, son désir d