Baudelaire
Dans Les fleurs du mal (1857), entre le formalisme et le romantisme, Baudelaire invente une troisième voie, celle de la modernité. Celle-ci se caractérise par de nouveaux rapports entre l'émotion et le langage. À sa parution, le livre est jugé « scandaleux » et « révolutionnaire ». Les thèmes abordés sont nombreux : corruption de la nature, malédiction du génie, force de la révolte, l'imaginaire, etc.
TABLEAUX PARISIENS, LES FLEURS DU MAL
LE CREPUSCULE DU MATIN
La diane chantait dans les cours des casernes,
Et le vent du matin soufflait sur les lanternes.
C’était l’heure où l’essaim des rêves malfaisants
Tord sur leurs oreillers les bruns adolescents ;
Où, comme un œil sanglant qui palpite et qui bouge,
La lampe sur le jour fait une tache rouge ;
Où l’âme, sous le poids du corps revêche et lourd,
Imite les combats de la lampe et du jour.
Comme un visage en pleurs que les brisent essuient,
L’air est plein de frissons des choses qui s’enfuient,
Et l’homme est las d’écrire et la femme d’aimer.
Les maisons ça et là commençaient à fumer.
Les femmes de plaisir, la paupière livide,