Baudelaire
Baudelaire eut une existence souvent décevante. Ses contemporains ne virent pas qu'avec Les Fleurs du Mal un des livres-phares de la poésie française venait d'apparaître. A dire vrai, Baudelaire ne visait pas la réussite sociale; depuis longtemps, méprisant la vie réelle, il était parti en quête d'un ailleurs.
Une existence difficile
Devenue veuve, la mère de Charles Baudelaire se remaria avec un militaire épris de discipline : l'enfant, qui avait six ans, se prit d'une aversion profonde pour son beau-père. On le mit bientôt en pension. Après ces années sans joie, Baudelaire goûta les plaisirs de la vie de bohème. Puis, en 1841, il découvre lors d'un voyage à l'île Maurice les séductions de l'exotisme. De retour à Paris, il mène la vie non conformiste d'un dandy et se ruine. En tant que critique d'art (Les Salons) et que traducteur (les Histoires extraordinaires, de l'Américain Edgar Poe), il met longtemps sa plume au service des autres. Puis, en 1857, avec Les Fleurs du Mal, il se décide enfin à livrer son propre univers aux lecteurs; par sa peinture audacieuse du vice, en particulier dans le domaine sexuel, le livre scandalise et provoque un procès. Baudelaire conçoit ensuite le projet d'une seconde grande ceuvre poétique, en prose cette fois; mais la maladie et la mort l'empêcheront d'achever les Petits Poèmes en Prose.
Les Fleurs du Mal, un livre-phare
Titre, dédicace et prologue
Le titre surprend par l'alliance des contraires. Baudelaire s'er est expliqué en disant qu'il avait tenté d'« extraire la beauté du mal ». Le poème Au Lecteur qui sert de prologue donne immédiatement un des motifs essentiel du livre : l'Ennui, c'est-à-dire l'angoisse de vivre (le« ennui » est à prendre ici au sens fort). Quant à la dédicace à Théophile Gautier, le défenseur de l'Art l'Art, elle ne doit pas nous tromper : Les Fleurs du Mal rsont pas un livre d'art pur, mais une sorte de confessim où Baudelaire a mis « tout son coeur ».