Bernardin de st pierre
Essentiellement localisée dans le premier paragraphe du texte, la description du cadre où se déroule le récit revêt une apparence apocalyptique.
Cela se manifeste d'abord par l'union des espaces marin et céleste : c'est parce qu'elle est "soulevée par le vent" que la mer "grossissait"; et dans cette tempête les nuages ont une "forme horrible" pareille aux "horribles secousses" que provoque la "furie" des vagues, celles-là mêmes qui sont comparées à "d'énormes voûtes d'eau qui soulevaient tout l'avant" du navire, ainsi submergé et en perdition. Ces reprises lexicales montrent bien que les deux éléments naturels déchaînés ne constituent qu'une seule unité, immense, contre laquelle les humains sont impuissants.
Bernardin de Saint-Pierre accroît l'étrangeté du décor par l'accumulation des contraires, que l'on percevra avec ce "vaisseau presque à sec", du côté de la terre salvatrice (Paul "tantôt marchant"), avant d'être submergé, du côté de la mer destructrice ("tantôt nageant"). Contraires aussi dans les mouvements : statisme contre dynamisme dans ces nuages qui ont aussi bien "l'immobilité de grands rochers" que "la vitesse des oiseaux", "balayés" et "chassés". Ou dans le comparant plus poétique de la mer "montagne" (en bas) couronnée par la "neige" d'écume (en haut), dans un