Black swan
Nina est ballerine au sein du très prestigieux New York City Ballet. Sa vie, comme celle de toutes ses consoeurs, est entièrement vouée à la danse. Elle est prête à tout pour obtenir le rôle principal du Lac des cygnes que dirige l'ambigu Thomas Leroy. Mais elle se trouve bientôt confrontée à la belle et sensuelle nouvelle recrue, Lily. Alors que la rivalité entre les deux jeunes femmes se mue peu à peu en une amitié perverse, Nina découvre, de plus en plus fascinée, son côté sombre. Elle est bientôt en proie à des hallucinations. Est-elle victime de son esprit tourmenté ou bien d'un complot?
LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 12/02/2011
Ignorer tout de sa propre sauvagerie. Ne trouver en soi aucune source de violence : le cas de l'héroïne de Black Swan est rare. C'est ce qui rend, d'emblée, cette fille émouvante, si douce et anachronique, entre ses tutus, sa montagne de peluches roses, sa boîte à musique qui joue Le Lac des cygnes, comme sa sonnerie de portable... Soudain, elle est confrontée à l'inconcevable : ce à quoi elle travaillait éperdument, la perfection, est cela même qu'on lui reproche. Voilà qu'on lui demande du débordement, des pulsions, de la sensualité. Elle s'échinait à être apollinienne, on la veut dionysiaque. Et ça, elle n'a pas appris, elle ne sait pas.
Dans ce film d'épouvante ou presque, c'est l'art qui, tel un vampire, exige toujours plus de vie. En l'occurrence, une nouvelle version new-yorkaise du Lac des cygnes, pour laquelle Nina a été choisie comme danseuse étoile - un rêve de bonne élève. A condition qu'elle sache incarner, outre l'innocent cygne blanc du début, le cygne noir dangereux de la fin - un cauchemar de bonne élève. Darren Aronofsky s'y connaît en cauchemars : il a signé, en 2001, le mémorable Requiem for a dream, d'après Hubert Selby Jr., tableau horrifique d'une Amérique déjetée, entre fils drogué et mère gavée de médicaments, tous deux emportés dans une dérive de la perception.
Black Swan