Blad skizo
Coincé entre tradition et modernité, faux-semblants et vrais mensonges, morale simulée et religion mal assumée, le Marocain cherche son identité. Et il s’est pas mal paumé en route. Au point d’en devenir schizo.
On a longtemps présenté le Maroc comme une oasis de stabilité, un mélange harmonieux de tradition et de modernité, un pays capable d'absorber les influences les plus diverses pour les fondre dans un grand tout équilibré et original. Les plaquettes touristiques ont fait de cette théorie leurs plus beaux slogans, la presse officielle, relayant | |
elle-même un discours tout aussi officiel, a rabâché jusqu'à la nausée ce concept admirable. Le mythe a vécu.
Les contradictions s'affichent aujourd'hui au grand jour, rendant sans cesse plus compliqué le fameux grand écart culturel qu'on demande aux Marocains de réaliser quotidiennement. Encouragés par la libération de la parole, journalistes, sociologues ou simples bloggers s'amusent avec plus ou moins d'ironie à pointer les incohérences du système dans lequel nous vivons - et que nous avons bien entendu dans une grande mesure contribué à créer. Alors, au-delà des clichés, le Maroc est-il un pays schizophrène ? Hachem Tyal, psychiatre casablancais : “Oui, c'est vrai que nous avons chez nous plus qu'ailleurs le sentiment d'une absence d'unité, une impression de dislocation de l'esprit”. C'est précisément un des symptômes les plus marquants de la schizophrénie, dans son sens médical. Si le grand public considère qu'un schizophrène est un individu chez qui cohabitent plusieurs personnalités, la définition psychiatrique est plus complexe. La schizophrénie, c'est une déstructuration de la personnalité, une maladie douloureuse marquée par de profondes angoisses, des délires et une déconnection de la réalité. A la base du malaise, il y a bien sûr la question de l'identité. Sans forcément relever de la pathologie médicale, notre société a exactement le même