Bérénice, acte I, scène 5, Racine
L'évocation de la cérémonie que préside Titus comporte un aspect pictural qui rend la scène passée particulièrement vivante. En effet, Bérénice parle d'un "souvenir charmant" au vers 317, c'est-à-dire d'un souvenir envoûtant selon le sens de l'adjectif au 17ème. Elle donne alors à voir cette scène, d'où la récurrence de termes dénotant la vision : "De cette nuit, Phénice, as-tu vu la splendeur ? Tes yeux ne sont-ils pas tout pleins de sa grandeur ?". La description acquiert une présence et une vivacité grâce à des notations concrètes : "Ces flambeaux, ce bûcher (...), ces aigles, ces faisceaux, ..." Phénice, les spectateurs et Bérénice se trouvent ainsi transportés sur les lieux mêmes du "couronnement" par le pouvoir suggestif de ces termes.
De plus ce tableau prend une consistance particulièrement nette grâce à l'abondance d'expressions dénotant couleurs et lumières : la "pourpre", "l'or" amènent une luminosité et un éclat qu'augmente le lexique de la lumière. Celui-ci prend une ampleur étonnante, notamment dans la gradation du vers 303 : "Ces