Candide - voltaire
L'année 1756 est marquée par le début de la guerre de 7 ans entre l'Autriche et la France contre la Prusse et l'Angleterre, et en 1758, année durant laquelle Voltaire compose Candide, une campagne est en train de ravager l'Europe
COMMENT CANDIDE SE SAUVA D'ENTRE LES BULGARES, ET CE QU'IL DEVINT
Rien n'�tait si beau, si leste, si brillant, si bien ordonn� que les deux arm�es. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renvers�rent d'abord � peu pr�s six mille hommes de chaque c�t� ; ensuite la mousqueterie �ta du meilleur des mondes environ neuf � dix mille coquins qui en infectaient la surface. La ba�onnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter � une trentaine de mille �mes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie h�ro�que. Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum chacun dans son camp, il prit le parti d'aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d'abord un village voisin ; il �tait en cendres : c'�tait un village abare que les Bulgares avaient br�l�, selon les lois du droit public. Ici des vieillards cribl�s de coups regardaient mourir leurs femmes �gorg�es, qui tenaient leurs enfants � leurs mamelles sanglantes ; l� des filles �ventr�es apr�s avoir assouvi les besoins naturels de quelques h�ros rendaient les derniers soupirs ; d'autres, � demi br�l�es, criaient qu'on achev�t de leur donner la mort. Des cervelles �taient r�pandues sur la terre � c�t� de bras et de jambes coup�s. Candide s'enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait � des Bulgares, et des h�ros abares l'avaient trait� de m�me. Candide, toujours marchant sur des membres palpitants ou � travers des ruines, arriva enfin hors du th��tre de la