Cas fusac
Les fusions et acquisitions (F & A) sont souvent motivées par des effets synergiques escomptés. Les spécialistes des fusions et acquisitions, tant académiques que professionnels, admettent pourtant que les premières idées et justifications relatives aux synergies s’avèrent souvent irréalistes, voire illusoires : ils comprennent mal les processus à leur origine, et leur évolution dans le temps. Appliquée au cas particulièrement révélateur de la fusion, annoncée en septembre 2000, entre les compétences thérapeutiques de Pierre Fabre et les compétences diagnostiques de BioMérieux (d’où le concept de « théranostique » inventé pour nommer cette combinaison entre les deux groupes pharmaceutiques), puis de la séparation de ces mêmes entreprises en juin 2002, la théorie de la construction sociale des synergies proposée ici permet d’identifier, dans le processus de construction sociale des synergies, quatre phases que les auteurs considèrent caractéristiques des fusions et acquisitions contemporaines.
PAR Philippe MONIN ET Eero VAARA, PROFESSEURS, UNITÉ PÉDAGOGIQUE ET DE RECHERCHE STRATÉGIE ET ORGANISATION, E.M. LYON (*)
RÉALITÉS MÉCONNUES
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LES SYNERGIES ILLUSOIRES DANS LES FUSIONS ET ACQUISITIONS
GÉRER ET COMPRENDRE • DÉCEMBRE 2005 • N°82
RÉALITÉS MÉCONNUES
L
es fusions et acquisitions (F&A) sont souvent motivées par des effets synergiques. Il est d’ailleurs difficile de concevoir une F&A qui n’aurait pas comme objectif de créer des synergies, ou qui ne serait pas présentée comme telle [voir, par exemple, MEIER et SCHIER, 2003 : pp. 31-34]. Ces fameuses synergies semblent inclure à peu près tout ce que l’on peut imaginer de la vie des organisations : économies de coûts liées à des réductions – souvent drastiques – de personnel, restructurations et/ou fermetures de sites, bénéfices escomptés provenant de transferts réciproques de connaissances et de capacités, etc. Pourtant, concrètement, ces