cas d entreprise
Les recherches sur la rationalité limitée remontent à l'article fondateur d'Herbert Simon, « A
Behavioral Model of Rational Choice » (Simon, 1955). Cinquante ans après, la rationalité limitée est constamment invoquée dans le champ des sciences de la décision. En témoigne par exemple le discours que D. Kahneman a prononcé lors de la remise du prix Nobel d'économie
(« Maps of Bounded Rationality », Kahneman (2003)). Une certaine confusion sémantique résulte de cette popularité : l'expression « rationalité limitée » recouvre aujourd'hui des phénomènes, des modèles et des domaines de recherches passablement hétérogènes.
Dans une première acception, la rationalité limitée se confond avec les écarts entre le comportement actuel des agents et les prédictions que font les modèles classiques de choix.
Ces modèles étant censés codifier des principes de rationalité « parfaite», on désigne naturellement les déviations ou les anomalies relatives à ces modèles par le terme de
« rationalité limitée ». Dans ce cas, la modélisation de la rationalité limitée se confond avec le projet général d'élaboration de modèles de décision plus adéquats empiriquement que ne le sont les modèles classiques2
.
Dans ce chapitre, nous retiendrons toutefois une autre acception, qui est plus restreinte et qui correspond plus étroitement au programme original d'H. Simon. Pour Simon, en effet, la rationalité limitée désigne les limitations cognitives qui pèsent sur la formation des états mentaux et sur la prise de décision des agents. Dans ce cas, la modélisation de la rationalité limitée est la recherche de modèles de décision qui soient capables de prendre en compte ces limitations cognitives.
L'objet de ce chapitre est de présenter les motivations du programme de modélisation de la rationalité limitée entendu en ce sens restreint (section 1)3
, d'esquisser les principales classes de modèles qui ont été conçus pour réaliser le programme