Citroën pendant la guerre
La déclaration de guerre de 1914 déclenche l’une des périodes les plus sombres de l’histoire de l’humanité. Pourtant, André Citroën réagit en industriel et saisit cette opportunité exceptionnelle pour tenter de mettre en application ce qu'il a découvert en Amérique et produire des obus, objets faciles à construire, en grande quantité pour l'armée.
Après avoir été mobilisé et envoyé au front en tant qu’officier avec le 2e régiment d’Artillerie Lourde de Metz, Citroën comprend que le conflit se transforme en guerre matérielle et que l’artillerie allemande est déjà très perfectionnée. Il propose donc en janvier 1915 au général Baquet, directeur de l’armement au ministère de la Guerre, et à son adjoint Louis Loucheur (tous deux polytechniciens), de monter dans un délai de trois mois une usine qui fabriquerait un modèle unique de projectile à la production standardisée. Son frère ayant succombé au front, Citroën est déterminé plus que quiconque à battre l’armée allemande. Henry Ford construit ses automobiles à des centaines de milliers d’exemplaires ; Citroën, lui, prévoit de produire des obus à balle de 75 mm à une cadence importante (5.000 à 10.000 exemplaires par jour). Le gouvernement accepte la mise en place de ce projet pour satisfaire les besoins de la machine de guerre française. Le 10 février, Citroën signe à cet effet un contrat avec la Direction des Forges et de l’Artillerie. Il emprunte ensuite aux banques pour financer cet effort de guerre et acquiert 12 hectares de terrain quai de Javel à Paris au bord de la Seine afin d’y établir une usine immense, équipée de machines à emboutir en partie achetées aux Etats-Unis.
La production de Citroën est liée au projet industriel et social que porte l’organisation scientifique du travail : la consommation de masse. Grâce à la Première guerre mondiale, guerre « totale », le polytechnicien est assuré d’avoir un flot continu de commandes. La consommation de masse est donc la