Comment une philosophie ancienne peut-elle etre actuelle?
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La philosophie est une activité liée à des individus, à des institutions, des sociétés et des époques. Elle a une histoire composite faite de coïncidences et de hasards. Elle peut y apparaître comme une forme exotique de la culture qui prend plaisir à raconter des choses singulières. Pourtant les systèmes philosophiques se succèdent régulièrement par delà les époques et les noms propres. Dans le flux des événements et des époques, la raison trouve aussi un avènement dans l'émergence de valeurs à comprendre dans et comme développement de la conscience universelle. L'histoire de la philosophie par delà l'opposition des Anciens et des Modernes est ce pressentiment qu'il y a du sens à comprendre dans une entreprise raisonnée d'analyse. Avec la notion d'actualité la question surgit dans toute son acuité : se trouve-t-elle enfermée dans un devenir immanent qui fait de toute philosophie une philosophie de son temps, en cela toujours dépassée ou son actualité se manifeste-t-elle comme conscience présente à la totalité humaine et à son histoire ? En d'autres termes, la philosophie est-elle même ou autre dans l'épreuve qu'elle fait du temps ?
La philosophie peut être considérée comme une succession de pensées et d'œuvres relevant du libre-arbitre humain. Attachée à son auteur, l'œuvre a ses ressorts affectifs et ses supports institutionnels ainsi que des cadres historiques, en fait un contexte psychologique, social et historique qui la fait apparaître comme un point de vue plus ou moins original ou une vision du monde plus ou moins souple, voire une idéologie sociale révolue dans le temps qui la délégitime. Une philosophie serait comme le tatouage d'une époque, une image emblématique, voire un grimoire voué à l'illisibilité pour toute conscience qui ne serait pas sa contemporaine. Attachée à son temps, une philosophie serait fille de son temps, appréhendable seulement dans la poétique de l'éloignement de l'amateur passéiste ou la sympathie prévenante de l'historien.