Commentaire comparé baudelaire la cheveulure et un hémisphère de la cheveulure
1) Une destinatrice différente
Dans les deux poèmes, le titre est un élément important traduisant un absolu dans l’un, un singulier dans l’autre. Le titre même « La chevelure » traduit sans doute la volonté de peindre un cas général; la dimension allégorique est évidente: l'article défini « la » fait de la chevelure une sorte d’élément universel, une perfection. L’auteur veut manifestement s’adresser à cette chevelure qui reste une chose et non pas un être, elle est ainsi personnifiée. Au contraire, le titre du poème en prose donne un caractère plus trouble et imprécis à la chevelure : l'article est indéfini, la chevelure est donc plus commune. De plus, dans ce poème en prose, le poète s’adressera à la femme qui la porte (« j’entends dans tes cheveux »). Baudelaire a voulu par ailleurs joindre la chevelure à « un hémisphère » qui peut représenter à la fois la moitié de la Terre et la moitié de la tête.
L’énonciation traduit bien le changement de destinataire ; dans La Chevelure, la femme n'est présente que par ce seul « attribut de séduction ». L’apostrophe au début du poème montre une divination de la chevelure : « ô toison ! ô boucles ! ô parfum ! ». Elle est sans arrêt métaphorisée (« mer d’ébène »v. 14 ; « ce noir océan »v.22) par la pilosité des animaux (« toison ; crinière ; moutonnant ; encolure »). Un hémisphère dans une chevelure change quelque peu de récepteur, la première personne et la deuxième personne montrent la présence d’un locuteur (l’auteur) et d’un destinataire qui est la femme. Le poète s’adresse directement à elle par le biais de l’impératif (« Laisse moi »). Une dimension plus « réaliste » est présente dans le poème en prose : le poète utilise deux comparaisons (« comme un homme altéré », « comme un mouchoir odorant) et quelques métaphores (« Dans l’océan de ta chevelure », « Dans l’ardent foyer de ta chevelure ») plus explicites.
La chevelure se trouve plus dévalorisée dans le premier poème mais