Ubu roi
Nous étudierons la tension perceptible dans ce poème entre l'écriture poétique et l'écriture prosaïque, le procédé analogique dont il offre un bon exemple, et l'évocation d'un univers sensible et sensuel, cher à Baudelaire.
Un texte poétique, une fin triviale
Poème lyrique : évocation intemporelle d'un moment d'intimité amoureuse ou plutôt érotique, avec une prière initiale presque « galante » (voir « la galanterie » évoquée par Baudelaire dans L'Horloge) à la femme aimée, sous la forme de l'expression « Laisse-moi » en début et fin de texte. La femme est éclipsée par une partie de son corps, sur laquelle se concentre l'hommage ; la femme est en effet absente, ne participant à l'émotion du poète que sous la forme d'une hypothèse niée par la proposition « si tu pouvais savoir.. » Le dialogue entre le « tu » et le « moi » (« Laisse-moi » : « si tu pouvais ») disparaît très vite au profit de l'évocation de la chevelure (« tes cheveux », « ta chevelure », « tes tresses », « tes cheveux ») Le poète est seul confronté aux sensations suscitées par l'objet aimé : le « je » l'emporte, sujet de verbes d'action (y plonger / les agiter avec ma main / mordre / je mordille) et surtout de perceptions (je vois / je sens / j'entends / j'entrevois..) >> solipsisme amoureux (isolement de l'individu qui se retranche sur sa seule existence) qui renvoie à une constante bien connue du rapport de Baudelaire à la femme, source inépuisable