INTRODUCTION

Le poème intitulé les éponges se situe dans une sorte de section consacrée aux animaux, comportant les titres : « Animaux », « L’empailleur d’oiseaux », « Les éponges », « L’effraie et la bête ».
Ces animaux de terre ou de mer sont saisis après leur mort dans une entreprise qui chercherait à leur donner une certaine survie, une échappatoire au néant puisque l’art a le pouvoir d’éterniser l’éphémère et le mortel.
Cependant, ce poème, et par là tout le recueil, est une réflexion sur l’acte même de l’écriture. Comment se révèle donc ce rapport entre l’image poétique et la conception de l’acte de l’écriture chez Follain ? En quoi le poème se présente-il en tant qu’univers dont le dieu est le poète ? Et finalement, qu’est-ce qui fait de la poésie de Follain une poésie de l’objet ?

PREMIERE PARTIE : L’IMAGE DANS LE POEME ET SA RELATION ETROITE AVEC L’ACTE DE L’ECRITURE POETIQUE

Le poème s’ouvre sur une image très banale, voire insignifiante : une médaille couverte d’une fange. Face à cet état de la médaille, le poète impose une réaction évoquée au premier vers « il fallait ôter » cette fange.
La fange est ce qui fait perdre à la chose son éclat, sa nouveauté et sa luminosité. C’est en d’autres termes ce qui fait perdre l’essence et le sens d’une chose. En ôtant cette fange, on redonne à la chose son éclat et donc son sens.
La deuxième image présentée dans les vers suivants va dans la même direction sauf qu’on ne parle plus d’un objet qui est « la médaille » dans les quatre premiers vers, mais d’un corps humain à travers l’expression dans le vers huit : « ces gorges de filles ». Il y a donc un passage de l’inhumain à l’humain, bien que le contexte reste le même. Il est toujours question de cette fange qui couvre le corps et qu’il faut enlever pour redonner à ce corps sa vraie essence.
Cependant, cette deuxième image est plus explicite et plus détaillée puisque le poète nous présente l’outil qu’on utilise pour débarrasser le corps de la fange. Il