Commentaire "el desdichado"
Les sonnets des Chimères, disait Nerval « perdraient de leur charme à être expliqués, si la chose était possible ». Ce fait est que par exemple, « El Desdichado « nous enchante par son mystère même, allié à une plastique très pure, lumineuse et puissamment évocatrice. Il appartient donc au lecteur de chercher, comme un fil d’Ariane, une signification qui ne prétende pas tout réduire à un sens rationnel puis de s’abandonner aux sortilèges du sonnet nervalien, par delà la simple signification.
I La recherche d’un fil d’Ariane.
Comme fil d’Ariane, l’affirmation problématique d’une identité. C’est en effet par une ferme et solennelle affirmation d’identité que débute le poème, « Je suis … » ; mais, respectant en cela la structure classique du sonnet, le début du premier tercet change le point de vue et ouvre sur une identité problématique « suis-je » V9. Cette réalité se prolonge dans les références auxquelles le poète fait appel pour préciser cette identité : Le v2 évoque un chevalier médiéval et la dialectique retardée et réduite dépossédé de son fief dans Ivanhoé de W. Scott : Le v9 renvoi aux divinités antiques – Amour ou Phébus – puis a nouveau au monde médiéval – Lusignan ou Biron - ; d’autant que Phébus peut renvoyer aussi a Gaston Phébus, comte de Foix ; et le dernier tercet semble assimiler le poète au héros mythologique Orphée, descendu aux enfers pour ramener son Eurydice. Il y a donc une réelle difficulté à « décliner son identité » et en tout cas elle ne peut se faire que par des références a des êtres réels ou imaginaires du passé, puisés a des époques différentes et mêlées dans une absence totale de chronologie. De manière plus nette cependant, tout au long du sonnet, une identité qui donne sa tonalité au sonnet : l’ambiguïté de l’adjectif « ténébreux » ( le beau ténébreux, ou les ténébreux de la nuit, de la mort ? ) s’estompe avec le prolongement de « veuf » ( mis en