Commentaire heidegger
Le progrès de la technique toujours plus important, toujours plus rapide dans les sociétés contemporaines laisse à croire que la Pensée humaine serait grandissante. Le calcul et la planification se sont en effet développés de façon exponentielle. Pourtant, Heidegger affirme que l’on assiste à un «manque croissant de pensée». L’Homme contemporain serait même «en fuite devant la pensée». Comment l’Homme pourrait-il ne plus penser et pourtant calculer de plus en plus ? Il faut en fait distinguer deux sortes de pensée pour comprendre la réflexion de l’auteur. Il existe d’une part, une «pensée qui calcule» propre à la science, et d’autre part «une pensée qui médite» propre à la philosophie. C’est cette seconde pensée que l’Homme aurait oubliée. À force de calculs, l’Homme ne médite plus, il ne cherche plus le Sens. Or, la recherche scientifique pure n’est pas sans danger pour l’Humanité. «Science sans conscience n’est que ruine de l’Âme» annonçait Rabelais dès le XVIe siècle. Telle est, d’une certaine manière, la vision de Heidegger. Nous verrons que l’auteur part d’un constat : l’Homme contemporain ne «pense» plus. Heidegger apporte alors sa définition de la pensée, faisant apparaître une certaine dichotomie entre calculer et méditer. Dans un deuxième temps, l’auteur montre quelles dangereuses conséquences sont induites par un tel déclin de la pensée qui médite au profit de la seule pensée qui calcule. Outre les répercussions matérielles, c’est l’essence même de l’Homme, une conception de l’Humanité, qui est mise en jeux. Nous dévoilerons alors l’intérêt philosophique de ce texte en tentant d’apporter des éléments extérieurs à la réflexion.
Dès la première phrase, Heidegger assure que nous assistons à un affaiblissement de la pensée humaine. Cependant, il ne faut pas se méprendre sur la thèse de l’auteur. Celui-ci n’affirme pas que l’Homme a renoncé à toute forme de pensée. Nous semblerions plutôt oublier une sorte de pensée,