commentaire jeannot et colin
Proposition de commentaire rédigé
Candide, Zadig, ou Micromégas sont sans doute les contes philosophiques les plus connus de Voltaire pour leur morale, certes, mais aussi pour leur caractère merveilleux et épique. Toutefois, l’auteur des Lumières a écrit d’autres récits plus sobres, plus courts, et dont l’enjeu semble être moindre. C’est le cas pour Jeannot et Colin, qui raconte l’histoire de deux amis d’enfance que l’ascension sociale de l’un va séparer. Jeannot, devenu Monsieur le marquis de la Jeannotière, monte à Paris où il oublie donc Colin et leur collège d’Issoire. Ses parents cherchent alors à l’instruire pour qu’il devienne un courtisan brillant. Cette ambition va amener un débat sur l’éducation telle qu’elle est pratiquée à Versailles et mener Voltaire à déployer son ironie à ce sujet. Mais comment Voltaire s’y prend-t-il pour amener cette dimension satirique ? Comment le rire fait-il aussi réfléchir dans cet extrait ? On peut tout d’abord noter que l’expérience de Voltaire en tant qu’auteur de théâtre se retrouve dans ce passage et qu’on se croirait presque dans une scène de comédie telle que Molière aurait pu la penser. En effet, le choix des personnages est particulièrement parlant. La discussion a lieu lors d’un dîner qui regroupe Jeannot, ses parents ainsi qu’un gouverneur et un auteur « célèbre par des ouvrages agréables » (lg33). Or ces personnages ne sont en fait que des caricatures. Les deux hommes qui incarnent le savoir sont avant tout des ignorants comme le soulignent les nombreuses périphrases utilisées pour les désigner : pour le gouverneur « un homme du bel air, et qui ne savait rien, ne put rien enseigner » lg32 ; pour l’auteur « le gracieux ignorant » lg 56 ou « l’aimable ignorant » lg79, oxymores qui introduisent la critique et s’opposent avec l’opinion qu’ils ont d’eux-mêmes. Les parents quant à eux incarnent aussi l’ignorance et en outre la crédulité, car ils croient tout ce que les «