Commentaire jeu de l'amour et du hasard
Introduction
Situation
Dans une pièce de théâtre classique, l’exposition désigne, selon Jacques Shérer, « tous les faits dont la connaissance est indispensable à l’intelligence de l’intrigue ». Les quatre premières scènes du Jeu ont, selon ce principe, pour fonction de présenter les données initiales (personnages, intrigue) sur lesquelles va reposer l’action théâtrale.
Nous découvrons plus particulièrement ici, c’est-à-dire, dans la scène inaugurale de la pièce, Silvia et sa femme de chambre, Lisette. Sont également évoqués Monsieur Orgon, le père de Silvia, et le prétendant de celle-ci, dont l’identité n’est pas encore dévoilée. Quant à l’action proprement dite, le spectateur en est informé par une réponse de Lisette à Silvia : Monsieur Orgon envisage de marier sa fille. Par ce biais, Marivaux a recours à une stratégie d’information indirecte et évite ainsi l’écueil d’une scène d’exposition didactique.
Lecture
Mouvements
1 Le premier mvt (du début de la sc. jusqu’à « que vous êtes bien aise d’être mariée ») donne à lire, à travers l’opposition fondamentale qui sépare Silvia et Lisette sur les questions du mariage, du sentiment et du naturel, la perte de contrôle progressive de la maîtresse sur sa servante. Une perte significativement notée par le glissement énonciatif qui fait passer Silvia du vouvoiement au tutoiement lorsqu’elle s’adresse à Lisette.
Les deux autres mouvements s’organisent quant à eux autour d’un autre pronom, indéfini cette fois, le « on » qui acquiert chez chacune des femmes une connotation différente, antithétique.
2 Le second mouvement (de « premièrement ce que tu dis n’est pas vrai » jusqu’à « il est bel homme dit-on et c’est presque tant pis ») laisse apparaître qu’il désigne chez Lisette une origine positive de la parole. Ainsi expose-t-elle