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Jean-Jacques Rousseau, écrivain et philosophe des Lumières, a marqué la philosophie autant que la littérature. Il est à la fois celui qui a inspiré le révolutionnaire Robespierre par sa pensée politique mais il est aussi, dans une certaine mesure, une sorte de précurseur de la psychanalyse. En effet, quand il entreprend avec Les Confessions d’expliquer à ses contemporains qui il est véritablement, il n’imagine sans doute pas que cette autobiographie dépassera le projet initial.
Il s’agit parfois de délivrer des aveux peu avouables mais le livre est aussi l’occasion de retrouver un passé heureux. Dans cet extrait tiré du Livre VI, Rousseau retrouve les moments vécus aux Charmettes avec Mme de Warens, il se les remémore et les réécrire apparaît comme une possibilité de revivre ce qui a fui à jamais. Nous verrons comment la mémoire d’une part et l’écriture d’autre part permettent à l’auteur de fixer ce qui ne peut l’être.
L’épisode narré par Rousseau occupe une place fondamentale tant dans la mémoire de l’auteur que dans ses Confession. Pourtant, le bonheur dont il nous parle ne semble pas exceptionnel mais banal. Pour dire cette banalité le narrateur insiste sur la répétition des moments. L’imparfait employé ici n’est pas simplement un imparfait descriptif, il permet de donner aux instant vécus une valeur durative : « je parcourais », « j’errais », « je travaillais ». Cet emploi permet d’ailleurs d’insister sur toutes ces actions quotidiennes, elles ne sont plus ennuyeuses mais vécues avec intensité.
Cette intensité apparaît d’autant plus fortement que le narrateur répond par une même construction syntaxique la même structure chargée d’exprimer ce bonheur. De « je me levais jusqu’à la ligne 13 j’étais heureux », il répète inlassablement une action suivi de l’anaphore « j’étais heureux ». Outre la valeur d’insistance, cette formule permet de multiplier les raisons de cet état qui pourtant