Commentaire d'arrêt conseil d'etat 12 février 1960 société eky
Longtemps, la norme suprême aura été la loi. Expression de la volonté générale, celle-ci était considérée comme intouchable. Il a ainsi fallu attendre 1958 et l’avènement du contrôle de constitutionnalité des lois pour que la Constitution prenne véritablement sa place au sommet de la hiérarchie juridique. Dès lors, le législateur se trouve pleinement soumis au texte constitutionnel et les lois qu’il édictent se doivent de lui être conformes. Si ce fut une nouveauté pour le législateur, les actes administratifs sont de longue date soumis à un contrôle de constitutionnalité. Le point qui les rassemble, en revanche, est celui de savoir quels rapports ils entretiennent avec la partie spécifique des constitutions, à savoir le préambule. C’est le problème que pose la société Eky en l’espèce. Celle-ci dépose deux requêtes devant le Conseil d’Etat le 24 février 1959. Elle demande d’abord que les articles R 30-6°, R 31 dernier alinéa et R 32 dernier alinéa, édictés par l’article 2 du décret du 23 décembre 1958 soient annulés. Elle demande aussi, dans une seconde requête, l’annulation de l’article 136 du code pénal édicté par l’article 13 de l’ordonnance du 23 décembre 1958. Ces deux textes ont pour objet la création de contravention, catégorie particulière d’infraction, en matière d’utilisation de faux moyens de paiement. La société requérante soutient, en effet, que, ce faisant, le gouvernement a violé le principe de légalité des infractions énoncé à l’article 8 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, à laquelle renvoie le préambule de la Constitution du 4 octobre 1958, et qui prévoit que seul le législateur peut créer des infractions et déterminer les peines qui leurs sont applicables. Le Conseil d’Etat rejette, cependant, ces deux requêtes le 12 février 1960 au motif que la règle posée par le préambule n’a pas été violée. En confrontant ainsi un acte administratif à une norme issue du préambule de 1958, le Conseil d’Etat rend l’un de