Comparaison entre Antigone de Sophocle et de Bauchau
Le mythe d’Antigone est indéniablement le plus représentatif de l’apogée de la tragédie grecque, miroir de la culture féconde de la Grèce antique avec sa mythologie. D’abord incarné dans la tragédie de Sophocle portant le même nom, ce mythe a inspiré nombreux auteurs et dramaturges au travers des siècles. Ainsi, la première tragédie de Racine, la Thébaïde, écrite en 1664, retrace l’affrontement entre les frères ennemis d’Antigone, Etéocle et Polynice. Ce mythe éternel a aussi fait l’objet de maintes réécritures, dont les plus récentes et les plus connues demeurent celles d’Anouilh en 1944, de Brecht en 1948, et de Bauchau en 1997. Cette dernière version présente la particularité de faire partie du genre romanesque et non théâtral, ce qui constitue une innovation en matière d’écriture, et cela permet à l’écrivain belge Henry Bauchau de mettre en évidence l’apport du roman au tragique. Nous nous intéresserons au cours de cet exposé à la comparaison entre la tragédie de Sophocle et le roman de Bauchau, traitant tous deux du mythe d’Antigone.
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Les faits relatés
Chez Sophocle, les faits débutent après la mort d’Etéocle et de Polynice, frères ennemis d’Antigone et d’Ismène. Lorsque la tragédie débute, Créon a déjà ordonné l’enterrement d’Etéocle, tandis que
Polynice, lui, est privé des rites funéraires, et son âme devrait alors errer parmi les vivants, sans repos. Antigone refuse alors la décision de son oncle Créon, et tente d’ensevelir Polynice, allant ainsi à l’encontre des lois de la cité, ce qui lui vaudra le courroux du nouveau roi Créon. Ce dernier ne voit donc d’autre solution que de punir sa nièce, en la condamnant à mort. Cette dernière finit par se pendre, et son suicide entraînera celui de son amant Hémon (fils de Créon) puis d’Eurydice, sa mère. Créon se retrouve ainsi face à ces multiples malheurs, déplorant les résultats de son opposition ferme à Antigone. Puis, en ce qui concerne le roman d’Henry