Compte rendu j'aurais voulu être égyptien
Le roman d’Alaa El Aswany est un roman de montage caractérisé de « polyphonique ». En décrivant la vie d’une communauté d’Egyptiens à Chicago, l’auteur dresse différents portraits, présentés dans l’interaction d’un couple ou au sein de petits groupes. Les courts chapitres du roman qui tressent les intrigues entre elles, sur le mode de l’interruption et du suspens, annoncent la réunion finale de tous les protagonistes – jusque-là indépendants les uns des autres – autour d’un événement majeur : la visite du Président égyptien. Un autre trait particulier du roman se situe dans le rapport entre la sphère privée et la sphère publique. A l’histoire intime, individuelle et sexuelle des personnages, se mêlent des questions sur l’engagement politique, le sentiment patriotique et l’émigration. Toutes ces histoires sont rapportées à la troisième personne, d’un point de vue externe. Seule celle de Nagui est rapportée d’un point de vue interne, à la première personne, comme si on avait accès à son intériorité et à son histoire grâce à son journal intime. Ce double régime narratif est typologiquement marqué dans le livre par l’emploi de l’italique. Le roman d’Alaa El Aswany n’est pas de facture « traditionnelle » : chacune des histoires racontées l’est à travers de courts épisodes qui se croisent entre eux et dans lesquels se mêlent plusieurs temporalités. Le roman compte ainsi une multitude de personnages, présentés à travers de courtes saynètes qui se croisent entre elles et se font écho. Leur histoire est saisie au moment de l’arrivée de Nagui à Chicago et se termine avec la visite du Président. A plusieurs reprises, le passé est invoqué à travers des analepses, débordant le cadre temporel principal. Ces éléments semblent contraires aux exigences de la scène, qui représente plus aisément une action unique et concentrée d’un point de vue spatial et temporel. L’autonomie relative de chacune des intrigues a permis à Jean-Louis