conference xavier le pichon
La tectonique des plaques : de l'océan à l'espace par Xavier Le Pichon,
Lorsque j'ai commencé ma carrière de chercheur en 1959, nous ne connaissions même pas l'existence de la dorsale médio-océanique, la plus grande structure de notre planète puisqu'elle fait
50 000 kilomètres de long. L'océan était considéré comme au moins aussi âgé que les continents.
Or nous avons découvert qu'il était trente fois plus jeune. Nos connaissances sur la partie de la
Terre recouverte par l'eau étaient donc embryonnaires. C'est l'exploration des océans qui a conduit à élaborer dans les années soixante la tectonique des plaques proposant pour la première fois un modèle quantitatif cohérent de l'évolution de notre planète.
Paradoxalement, ce modèle, encore très schématique, s'appuyait sur des données entièrement océaniques. Aujourd'hui, grâce aux techniques géodésiques spatiales, la tectonique des plaques progresse très rapidement à partir de données concernant cette fois exclusivement les continents. Ce n'est plus simplement le mouvement des grandes plaques qui est déterminé. On obtient désormais la description détaillée des déformations continues qui affectent les frontières de plaque et qui se traduisent par l'activité sismique. On atteint ainsi une compréhension bien meilleure de ce que l'on appelle le cycle sismique, cycle qui amène le retour semi-périodique des très grands séismes.
La figure 1 montre la distribution des reliefs au fond de l'océan mondial, telle que nous la restituent les satellites à partir de la déflection de la surface des océans par la force gravitationnelle.
Cet extraordinaire tour de force technique nous révèle un paysage aussi différent de celui des continents que l'est celui de la lune. Le fond de l'océan est dominé par la présence d'une élévation en général médiane, sauf dans le Pacifique, hachée par de grandes fractures perpendiculaires. Nous