conscience
Socrate avait pour maxime « Nosce te ipsum », qu'il avait possiblement lue sur le temple de Delphes (« Connais-toi toi-même »). Mais comment se connaître ? Descartes a montré le« je » comme une irréductible conscience, qui peut s'appliquer à elle-même dans la mesure où cet « ego » est capable de dire qu'il a conscience de quelque chose. Or, comment cerner précisément ce « je » ?Puis-je avoir pour objet de ma conscience l'essence du « moi » ? Lorsque je veux faire connaissance avec quelqu'un et me présenter à lui en décrivant brièvement ma personne, mon caractère, commentsais-je que ma description reflète la réalité de ce que je suis ? Suis-je toujours le même ? Suis-je au contraire changeant ? Ai-je une essence connaissable par moi-même ? Ma conscience même nefait-elle pas partie du « moi » que je cherche à connaître ? La connaissance de moi-même évolue-t-elle avec le temps ? Est-elle toujours actuelle et pertinente vis-à-vis de ce que je suis ? Dans quellemesure ai-je conscience d'être ce que je suis ? Y a-t-il une part de mon être que je puis connaître avec certitude et quelle en sont les limites ? Suis-je ce que j'ai conscience d'être ?
Nous verronsd'abord comment la conscience permet de nous cerner en partie nous-mêmes, puis en quoi notre être peut échapper à notre propre conscience.
I – CE DONT J'AI CONSCIENCE SUR MOI-MÊME
1)Conscience du « moi » comme un « moi » conscient
Tout d'abord, la conscience de moi-même commence par la conscience que j'ai d'exister. Descartes, que nous avons évoqué, cherche initialement à démontrerqu'il y a quelque chose de connaissable indubitablement, et conclut sa démarche par le fameux « je pense donc je suis »#, affirmant la vérité suivante: j'existe car j'ai conscience (de quelque chose,peu importe quoi), et qu'il faut nécessairement un sujet à cette conscience. Si l'on tente à ce stade de rassembler ce qu'on peut savoir du « moi », on nommera celui-ci « chose pensante » (« res...