conscience
Après notre discussion longue et périlleuse sur l'utopie et autres on peut dire que le désir fondamental de l'homme, de tout homme, est d'être heureux, la quête du bonheur. Néanmoins cette aspiration n'induit pas le rapport de l'homme avec la nature mais celui de l'homme avec son semblable, avec l'homme. Chacun, et je cite Hegel, veut être reconnu par l'autre, ce bonheur, s'acquière en partie (ou totalement, à discuter) par la reconnaissance. Exister comme une conscience de soi ce n'est pas uniquement exister, être là, dans le passif oubli de soi; c'est aussi être reconnu par une autre conscience de soi, une conscience ne peut se sentir exister que reconnue par une autre conscience de soi. De là se pose tout le problème de l'existence en société et de la place qu'il faut donner à chaque homme. Dans le roman de Tournier Vendredi ou les limbes du pacifique Robinson, à force d'éloignement de la conscience des autres, il faut le dire, de la civilisation, replonge dans l'état de nature cher à Rousseau, et perd donc une grande partie de cette conscience de soi puisqu'il n'est plus reconnu par aucun semblable, son égal objectif.
" Les hommes n'ont pas, comme les animaux, le seul désir de persévérer dans leur être, d'être là à la façon des choses, ils ont le brillant désir de se faire reconnaitre comme conscience de soi" écrit Kojève, génial commentateur de Hegel. Il s'en suit que la conscience de soi ne trouve sa satisfaction subjective que dans la reconnaissance que lui porte une autre conscience. Mais cette satisfaction n'est pas immédiate, comme toujours pour Hegel, elle est l'objet d'un affrontement, d'un dualisme, et d'une