Contexte de la théorie de l'agence
L’apparition de la société anonyme par actions et sa généralisation dans les pays capitalistes ont conduit de nombreux auteurs à souligner la séparation croissante entre propriété et gestion de l’entreprise. Déjà Adam Smith notait les concéquences de cette évolution de la structure des entreprises : « Les directeurs de ces sortes de compagnies (les sociétés par actions) étant les régisseurs de l'argent d'autrui plutôt que de leur propre argent, on ne peut guère s'attendre à ce qu'ils y apportent cette vigilance exacte et soucieuse que des associés apportent souvent dans le maniement de leurs fonds ». Cette citation de Smith montre bien que l'intérêt soulevé par les problèmes liés à la relation d'agence est aussi ancien que la discipline économique elle-même.
Il faudra néanmoins attendre 1932 pour que A. Berle et G. Means approfondissent les problématiques issues de la divergence d'intérêt entre celui qui dirige et celui qui possède l’entreprise. C'est ainsi que naîtra le premier cas de relation principal/agent, à travers l'étude des rapports entre managers et actionnaires
S'appuyant notamment sur la théorie des droits de propriété d'Alchian et Demsetz, Jensen et Meckling vont encore plus loin et s'intéressent à l'ensemble des contrats qui ont lieu au sein de la firme. Cela les amène à définir la relation d'agence ainsi : « un contrat par lequel une ou plusieurs personnes (le principal) engage une autre personne (l'agent) pour exécuter en son nom une tâche quelconque qui implique une délégation d'un certain pouvoir de décision à l'agent »[4].
C'est d'ailleurs cette définition qui les engage à considérer la firme comme « un noeud de contrats ». C'est-à-dire un mode d'organisation dans lequel les acteurs sont liés entre eux par des successions de contrats plus ou moins