Controverse sur la question des préjugés.
Voici trois types de textes sur la question des préjugés.
Les deux premiers textes, de Descartes, se situent dans le droit fil de la pensée des Lumières. Ils considèrent que les préjugés sont des sortes d’erreurs, et les prennent sur le plan strict de la vérité. Ils en déduisent que les préjugés sont à bannir, et qu’il doivent tomber sous le coup de la table rase et du doute méthodique. Il faut les remplacer par des idées vraies et certaines, des idées claires et distinctes, comme le dit Descartes. Le préjugés sont hérités de l’enfance, ils sont ces idées qui sont en nous mais qui en sont pas de nous, dont nous ne sommes pas les auteurs. Or le projet de Descartes est bien celui d’une transparence à soi, qui consiste, autant que faire se peut, en ce que toutes els idées qu j’ai en mi viennent bien de moi.
Le deuxième texte, celui de Barrès, est un texte des anti-Lumières. Il renverse complètement la perspective et déclare que nos vraies pensées sont nos préjugés. Comment une telle affirmation est-elle possible ? C’est que Barrès n’a pas un point de vue intellectuel, il récuse, même, ce point de vue intellectuel. Mais quel point de vue a t-il alors ? Il a sans doute le point de vue de la vie et de la vie collective : de ce point de vue, les préjugés représentent les pensées ou les représentations qui sont articulées à un mode de vie collectif. Tout peuple, a un mode de vie, et ce mode de vie a ses préjugés, ses pré-jugements, par lesquels il s’affirme et vit. Toute pensée d’un sujet individuel est enveloppée dans cette pensée « d’en-dessous » qui est comme une pensée inconsciente, une parole inconsciente : tout ce que je dis, et pense se fait dans l’horizon, dan le style de cette pensée inconsciente collective qui parle en nous. Et nos pensées rationnelles ne sont que des pensées superficielles, des variations sur cette pensée profonde qui tient du fond des âges et par laquelle s’expriment nos racines. C’est pourquoi