Conversation ac blackborne
Introduction :
Le discours sur la royauté et sur ses prérogatives, sur la personne du roi et le rôle que le peuple attend qu’il joue est omniprésent dans la littérature politique de l’Angleterre à la période moderne[1]. Journaux, traités politiques, textes religieux, tous gravitent autour de l’idée monarchique qu’il s’agit de préciser, de promouvoir, mais parfois aussi de décrédibiliser pour l’écarter du pouvoir. A ce titre, l’extrait du journal de Samuel Pepys est doublement important. C’est d’abord une source incomparable – et par moments l’unique témoignage – dont nous disposons pour comprendre les réalités sociales, politiques et religieuses de l’après révolution, c'est-à-dire de la Restauration des Stuart à partir de 1660. Mais c’est surtout un texte important pour saisir les difficultés de la transition entre la République des années 1650 et le retour d’un monarque au style politique particulier[2]. Samuel Pepys, ancien secrétaire de deux ministres de la République mais désormais fidèle du roi Charles II doit donc affronter les difficultés de cette transition tout en justifiant ses choix passés au regard des événements de 1663.
C’est en effet à cette date que se situe l’extrait que nous allons étudier. En 1663, Samuel Pepys exerce un office de cléricature (c'est-à-dire de secrétaire) au service de l’office de la Marine, l’un des ministères importants de la royauté restaurée. Voici donc le discours d’un homme d’une trentaine d’années, parfaitement intégré aux réseaux de sociabilité de la Restauration, et situé au cœur de l’administration politique financière et guerrière du royaume[3]. Pourtant, la situation psychologique de Samuel Pepys n’est pas si brillante. Elle est celle d’un homme qui doit aussi, par son discours et ses écrits, justifier d’une appartenance passée à la République dont on vient d’exécuter les leaders. Ainsi, la conversation entre Pepys et Blackborne, dont l’auteur nous