Corneille & racine
Corneille
La première phrase commence comme un éloge sans réserve : “Corneille ne peut être égalé…”, mais qui est immédiatement suivi d’une restriction : « dans les endroits où il excelle », ce qui suppose qu’il y en a beaucoup d’autres ! Art de la rosserie. Ajoutons que ce texte, de la 1ère édition des essais, est publié 4 ans après la mort de Pierre Corneille (1684) ; la querelle des Anciens et des Modernes fait déjà rage. Trois compliments qui n’en font qu’un : inégalable, original, inimitable…
S’ensuit un réquisitoire :
- Ses premières comédies sont sèches, languissantes : cela touche le style (qui manque donc de variété, d’images) et l’action, qui manque de rythme : critique purement littéraire. On notera l’antithèse : ses premières /ne laissaient pas espérer/aller si loin // ses dernières / font qu’on s’étonne/tomber de si haut. Là encore, le venin est dans la fin de la phrase.
- Des fautes inexcusables contre les mœurs : ici, c’est le moraliste qui parle, et non plus le critique littéraire. Le théâtre a pour fin d’instruire, d’éduquer, de corriger les mœurs – c’est ainsi qu’il se défend contre les théologiens qui prétendent le condamner. On voit qu’ici, La Bruyère souscrit à cette défense : il est favorable au théâtre. Par ailleurs, La Bruyère condamnait tout ce qui pouvait offenser le bon goût et les mœurs : voir sacondamnation de Rabelais et de Marot (I, 43 p. 141)
- Un style de déclamateur qui arrête l’action : marque que le goût a changé, que l’on recherche plus de naturel, moins de déclamation dans le théâtre. Pensons à l’Impromptu de Versailles, et aux critiques de Molière contre l’art déclamatoire de certains acteurs. On voir ici un aspect fondamental de l’esthétique de La Bruyère : la recherche du naturel, la défiance à l’égard de la rhétorique ; voir le chapitre « De la Chaire ».
- Des négligences dans les vers et dans l’expression : le rejet de la