corpus mort de heros
Lescaut, Atala et Madame Bovary. Ces moments-clés revêtent une dimension particulière et on se demandera par quels procédés ces événements sont rendus pathétiques. Tout d’abord, le dispositif narratif adopté par l’abbé Prévost et Chateaubriand favorise le pathétique. En effet, le récit de l’agonie des héroïnes est pris en charge par leur amant qui évoque de façon rétrospective cet événement douloureux. Le point de vue est donc interne et permet au lecteur de partager la douleur incommensurable des jeunes amants. Au contraire, dans le texte de Flaubert, le point de vue est omniscient : le narrateur évoque tantôt les souffrances de l’héroïne qui vient de s’empoisonner, tantôt l’angoisse et l’incompréhension de son mari. La compassion du lecteur est donc bien sollicitée mais de façon différente.
La description de l’agonie et de la mort des héroïnes suscite également l’horreur et la pitié du lecteur. L’abbé Prévost ne s’attarde pas sur la mort de Manon qui est suggérée par des euphémismes tels que « elle se croyait à sa dernière heure »
(l.8) ou « Je la perdis » (l.12). Dans le texte de Chateaubriand, la mort d’Atala prend une dimension poétique et mystique : elle est comparée à une « sainte » avec « les yeux levés au ciel » (l.26-27). A l’inverse, la description de la lente agonie de Madame
Bovary est détaillée et suscite un sentiment d’horreur et de compassion : « figure bleuâtre » (l.35), « gémissements », « hurlement sourd » (l.38), « convulsions » (l.39).
Toutefois, c’est surtout l’expression de la douleur des héroïnes et de leur amant qui accentuent la dimension pathétique des scènes. Les textes 1 et 2 insistent principalement sur la souffrance morale ressentie par Des Grieux et Chactas, comme